mardi 8 décembre 2009

Le boycott des produits de la Mer morte Ahava a un impact

Adri Nieuwhof - The Electronic Intifada
Les brigades ’Sortie de bain’ à Amsterdam informent la population sur les sales secrets des produits de beauté Ahava, devant un magasin qui vend ces produits Cris Toala Olivares

La campagne internationale de boycott des produits de beauté Ahava a récemment gagné le soutien d’un parlementaire néerlandais et d’un groupe pacifiste israélien. Ces derniers mois, des militants au Canada, au Royaume-Uni, en Irlande, en Israël, aux Etats-Unis et au Pays-Bas ont mené campagne contre la vente des produits Ahava en raison de la complicité de cette société avec l’occupation israélienne.

La campagne Beauté Volée comprend des manifestations par les « brigades Bikini » dans tous les Etats-Unis, organisées par le mouvement pacifiste états-unien, Codepink, et des actions associées qui ont lieu à Londres, Paris, Vienne, Montréal et Amsterdam. Les « brigades Sortie de bain » qui sont apparues dans des centres commerciaux à Amsterdam et Haarlem n’ont pas fait qu’attirer l’attention de la presse mais aussi celle du parlementaire néerlandais, Harry van Bommel.

Ahava produit ses cosmétiques dans une usine implantée dans la colonie illégale de Mitzpe Shalem, en Cisjordanie occupée. Pourtant, Ahava labellise ses produits pour les soins de la peau, importés aux Etats-Unis en indiquant comme origine, « Mer morte, Israël ». Van Bommel, préoccupé par cet étiquetage mensonger, a demandé au ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, d’enquêter sur l’origine des cosmétiques Ahava, et Verhagen a accepté.

Les colonies Mitzpe Shalem et Kalia, situées profondément à l’intérieur de la Cisjordanie sous occupation israélienne, possèdent 44% des parts de la société. Avant la guerre de juin 1967, les Palestiniens ont vécu sur certaines des terres qui sont maintenant absorbées par les deux colonies ; il y avait des communautés palestiniennes à Nabi Musa où la colonie Kalia est maintenant installée, et à Arab al-Taamira, près de la colonie Mitzpe Shalem.
Selon le groupe israélien Qui profite de l’occupation ? (http://www.whoprofits.org), la boue utilisée pour les produits Ahava est extraite d’un endroit sur les rives de la Mer morte, à l’intérieur des Territoires occupés, près de Kalia. Ahava utilise les ressources naturelles palestiniennes, sans autorisation ni compensation pour les Palestiniens. Et pendant ce temps, Israël refuse aux Palestiniens l’accès à ces mêmes rives de la Mer morte et à leurs ressources, alors qu’un tiers de la rive occidentale de la Mer morte se situe en Cisjordanie occupée.

Cette semaine, la ministre palestinienne au Tourisme, Dr Khouloud Daibes, a manifesté son désaccord avec les pratiques d’Ahava en Cisjordanie. Pour protester contre l’ambition d’Israël de proposer la Mer morte comme Septième Merveille naturelle du monde, Daibes est intervenue par courrier auprès de son homologue israélien pour exprimer son opposition à la « promotion de la Mer morte dans la compétition, à côté de produits comme ceux d’Ahava qui sont fabriqués illégalement dans une colonie israélienne sur les terres palestiniennes occupées. »

Récemment, la campagne internationale pour le boycott des produits de beauté Ahava a reçu le soutien du groupe pacifiste israélien Gush Shalom, lequel a envoyé une lettre ouverte le 17 novembre à la direction d’Ahava, pressant la société à transférer ses fabrications hors des Territoires palestiniens occupés. Gush Shalom déclarait : « Votre décision de vous implanter en territoire occupé et de faire usage de ressources naturelles qui n’appartiennent pas à Israël fut un pari erroné qui déjà a nui à vos intérêts et qui pourrait même leur nuire encore davantage. Tôt ou tard, vous devrez quitter ce lieu préjudiciable et illégal - et le plus tôt sera le mieux. »

Pendant ce temps, aux Pays-Bas, le parlementaire Van Bommel déclarait à The Electronic Intifada qu’il se félicitait de la campagne internationale sur Ahava. « Elle pourrait paraître comme une question secondaire, mais elle est importante en tant qu’exemple d’entraves [israéliennes] à la réalisation économique d’un Etat palestinien. » Et d’ajouter qu’il était favorable à des initiatives dans les autres pays de l’Union européenne pour que le problème soit soulevé dans leur parlement. « Par la suite, la pression sur Israël va monter et, surtout, nous pourrons mêler l’opinion publique au débat. »

Adri Nieuwhof est avocat conseil indépendant, spécialisé dans les droits de l’homme et basé en Suisse. 2 décembre 2009 - The Electronic Intifada

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