mardi 25 août 2009

Neve Gordon dans le Los Angeles Times : Boycottez Israel




Un Israélien arrive à la conclusion douloureuse que c’est le seul moyen de sauver son pays.


Cet été, les journaux israéliens sont pleins d’articles coléreux sur la montée d’un boycott international d’Israël. Des films ont été retirés de festivals israéliens du film, Leonard Cohen est sous un feu mondial contre sa décision de jouer à Tel Aviv, et Oxfam a rompu les liens avec une porte-parole célèbre, une actrice Britannique qui fait aussi l’article pour des cosmétiques produits dans les territoires occupés. Clairement, la campagne pour utiliser les tactiques qui ont aidé à abolir la pratique de l’Apartheid en Afrique du Sud attire beaucoup de gens dans le monde.



Sans surprise, beaucoup d’Israéliens – même des pacifistes – n’y adhèrent pas. Un boycott international ne peut s’empêcher de porter des échos d’antisémitisme. Il pose aussi des questions sur un double standard (pourquoi ne pas boycotter la Chine pour ses violations évidentes des droits de l’homme ?) et sur l’attitude apparemment contradictoire d’approuver un boycott de sa propre nation.



Il n’est effectivement pas facile pour moi, comme citoyen israélien, d’appeler les gouvernements étrangers, les autorités régionales, les mouvements sociaux internationaux, les organisations croyantes, les syndicats et les citoyens à suspendre la coopération avec Israël. Mais à présent, alors que je regarde mes deux garçons jouer dans la cour, je suis convaincu que c’est le seul moyen de sauver Israël de lui-même.



Je dis ceci parce qu’Israël a atteint un carrefour historique, et les temps de crise appellent des mesures extraordinaires. Je dis ceci en tant que Juif qui a choisi d’élever ses enfants en Israël, qui a été un membre du camp de la paix israélien pendant près de 30 ans et qui est très angoissé sur le futur du pays.



Etat d’Apartheid, c’est la façon la plus juste de décrire Israël aujourd’hui. Pendant plus de 42 ans, Israël a contrôlé le sol de la vallée du Jourdain à la Méditerranée. Dans cette région habitent environ 6 millions de Juifs et près de 5 millions de Palestiniens. De cela, 3,5 millions de Palestiniens et près d’un-demi million de Juifs vivent dans les zones occupées par Israël en 1967, et alors que ces deux groupes vivent dans la même région, ils sont pourtant soumis à deux systèmes légaux totalement différents. Les Palestiniens sont sans Etat et dépourvus des droits humains les plus élémentaires. Contraste aigu, tous les Juifs – qu’ils vivent dans les territoires occupés ou en Israël – sont des citoyens de l’Etat d’Israël.



La question qui me tient éveillé la nuit, comme parent et comme citoyen, est comment assurer que mes deux enfants et les enfants de mes voisins Palestiniens ne grandissent pas dans un régime d’Apartheid.



Il n’y a que deux manières morales d’y parvenir.



La première est la solution par un Etat : offrir la citoyenneté à tous les Palestiniens et établir ainsi une démocratie binationale dans toute la région contrôlée par Israël. Vue la démographie, ceci reviendrait au décès d’Israël comme Etat juif ; pour la plupart des Israéliens, c’est l’anathème.



La deuxième façon de finir notre Apartheid est par la solution par deux Etats, qui implique le retrait d’Israël sur ses frontières d’avant 1967 (avec des échanges de terres 1 pour 1 possibles), la division de Jérusalem, et une reconnaissance du droit palestinien au retour à la condition que seul un nombre limité des 4,5 millions de réfugiés Palestiniens seraient admis en Israël, alors que le reste pourrait revenir dans le nouvel Etat palestinien.



Géographiquement, la solution par un Etat semble bien plus faisable parce que les Juifs et les Palestiniens sont déjà complètement emmêlés ; en vérité, « sur le terrain », la solution par un Etat (sous sa version d’Apartheid) est une réalité.
Idéologiquement, la solution par deux Etats est plus réaliste parce que moins de 1% des Juifs, et une minorité des Palestiniens, soutiennent le binationalisme.





Actuellement, malgré les difficultés concrètes, il est plus sensé de toucher aux réalités géographiques aux réalités idéologiques. Si dans le futur les deux peuples décident de partager un Etat, ils peuvent le faire, mais actuellement ce n’est pas une chose qu’ils veulent.



Alors, si la solution par deux Etats est le moyen de stopper l ’Etat d’Apartheid, comment peut-on y parvenir ?
Je suis convaincu que les pressions extérieures sont la seule réponse. Au cours des trois dernières décennies, le nombre des colons Juifs des territoires occupés a terriblement augmenté. Le mythe du Jérusalem unifié a conduit à la création d’une ville d’Apartheid où les Palestiniens ne sont pas citoyens et manquent des services de base. Le camp de la paix israélien s’est réduit progressivement si bien qu’à présent il est presque inexistant, et la politique israélienne va de plus en plus vers l’extrême droite.



Pour moi, il est clair par conséquent que le seul moyen de contrer la tendance vers l’Apartheid est par une pression internationale massive. Les mots et les condamnations de l’administration Obama et de l’Union Européenne n’ont donné aucun résultat, pas même un gel de la colonisation, sans parler d’une décision de se retirer des territoires occupés.



Par conséquent j‘ai décidé de soutenir le mouvement Boycott, Désinvestissements Sanctions lancé par des militants Palestiniens en juillet 2005, et qui a rassemblé depuis un large soutien autour du monde. L’objectif est de garantir qu’Israël respecte ses obligations sous la loi internationale et que les Palestiniens reçoivent le droit à l’auto-détermination.



A Bilbao (Espagne) en 2008, une coalition d’organisations du monde entier a formulé la Campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions en 10 points destinée à faire pression sur Israël d’une façon « graduelle et à long terme, adaptée au contexte et aux moyens ». Par exemple, l’effort commence par les sanctions sur, et le désinvestissement, des firmes israéliennes qui opèrent dans les territoires occupés, suivies par des actions contre ceux qui aident à maintenir et à renforcer visiblement l’occupation. Sur des voies parallèles, les artistes venant en Israël pour attirer l’attention sur l’occupation sont bienvenus, ceux qui ne veulent que se montrer ne le sont pas.



Rien d’autre n’a marché. Mettre une pression internationale massive sur Israël, c’est le seul moyen de garantir que la prochaine génération d’Israéliens et de Palestiniens – mes deux fils parmi eux – ne grandissent pas dans un régime d’Apartheid.



Neve Gordon a publié « Israel’s Occupation” et enseigne la politique à l’Université Ben Gourion du Neguev (Naqab) à Beersheba (Bir As-Sab), Israël.



Traduit par JPB pour la CCIPPP et le blog de la Campagne BDS France



source :



Par Neve Gordon Editorial d’opinion- Los Angeles Times 20 août 2009
http://www.latimes.com/news/opinion/commentary/la-oe-gordon20-2009aug20,0,1126906.story

lundi 24 août 2009

Agrexco à Sète : une caution à la colonisation israélienne ?


Rue 89

publié le dimanche 23 août 2009.


Polémique sur l’accueil dans le port d’une société d’export israélienne non respectueuse du droit international.


A l’approche de la rentrée, une polémique prend forme à Sète, où une coalition de plus de 85 organisations s’oppose fermement au projet porté par le président de Région, George Frêche, d’implantation d’une entreprise israélienne, Agrexco. En cause : l’implication de la société d’exportation de fruits et légumes dans la colonisation des territoires palestiniens.Une « mission civile » d’enquête est revenue de Palestine fin juillet.


Le conseil régional du Languedoc-Roussillon, présidé par l’ancien socialiste et très pro-israélien George Frêche, doit investir dans les infrastructures permettant à Agrexco d’installer d’ici septembre 2010 un hangar frigorifique de 20 000 mètres carrés dans le port de Sète. Agrexco pourrait y traiter 200 000 tonnes de fruits et légumes d’importation. Dans un entretien accordé à Midi-Libre le 5 mai, George Frêche déclarait ainsi vouloir faire d’« Israël un nouvel allié commercial pour la région ». Agrexco, installée dans le port de Marseille depuis trente-cinq ans, à quitté la cité phocéenne début 2009.


Ce projet s’inscrit plus largement dans le cadre du développement du port de Sète, deuxième port commercial français sur la Méditerranée en terme de tonnage, après Marseille. Pour George Frêche, il s’agit d’en faire « l’un des grands ports de la Méditerranée entre Gênes et Barcelone ». Au total, ce sont 200 millions d’euros que la Région accordera à cet investissement sur dix ans, en partenariat avec plusieurs sociétés privées qui y consacreront 110 millions d’euros. Le groupe italien GF Group doit diriger la réalisation du nouveau terminal fruitier, pour lequel la Région investira 25 millions d’euros.


L’opposition s’organise


85 organisations contestent ce projet. Parmi les signataires de l’appel de la Coordination internationale contre l’implantation d’Agrexco, des partis politiques (Verts, PCF, NPA, PG, Alternatifs), syndicats, associations de soutien aux Palestiniens, associations de défense des droits de l’homme (comme la LDH), organisations musulmanes, mais aussi organisations juives (dont l’UJFP).
Elles dénoncent toutes le rôle d’Agrexco dans le processus de colonisation des territoires palestiniens, l’exploitation illégale des ressources de la vallée du Jourdain, et l’exportation sous l’étiquette « produit d’Israël » de produits cultivés dans les colonies. La Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP) a réalisé une vidéo sur la mobilisation du 25 juin dernier : (Voir la vidéo)



Au principal argument avancé par la Région, la création de 200 emplois, Vincent Mazurek, membre du NPA et de la coalition, rétorque :


« La question de l’emploi est très importante, ce qui fait que le personnel du port est favorable à l’implantation d’Agrexco. Nous ne sommes pas contre le développement du port. Mais nous voulons que cela se fasse avec des sociétés propres. Il suffit de trouver un autre client. »
Dans une lettre à George Frêche le 21 mai 2009, l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) écrit :


« S’il est légitime que, président de la région Languedoc-Roussillon, vous vous attachiez à agir pour le développement économique de votre région et favorisiez la création d’emplois en cette période de crise, cela ne saurait se faire au prix de la violation du droit international ni des textes qui régissent les accords entre l’UE et Israël, en particulier ceux qui ont trait au respect des droits de l’homme (art. 2, 76 et 79) et à la règle d’origine qui proscrit les produits des colonies. »
Dans un courrier très court, le président du Languedoc-Roussillon répond :


« Je n’ai pas l’habitude de mêler la politique et l’économie (…) Vous mélangez tout. Je n’ai pas à vous répondre. »


Une entreprise impliquée dans le processus de colonisation


Pourtant, il ne s’agit pas seulement de politique, mais de droit international. Agrexco est l’office national des exportations de produits frais d’Israël. La société appartient à 50% à l’Etat israélien et à 50% à des entreprises agricoles. Ses produits frais sont exportés dans l’ensemble de l’Europe sous diverses marques : Carmel Ecofresh, Carmel Biotop (produits bios), Jordan River, Jaffa, Alesia et Coral.
Lors d’un procès en Grande-Bretagne en 2006, dans lequel était impliqué Agrexco, le directeur général d’Agrexco Royaume-Uni, Amos Orr, avait dû reconnaitre devant le tribunal que l’entreprise exportait entre 60 et 70% des productions cultivées dans les colonies illégales installées dans les territoires occupés. La partie adverse avait notamment plaidé le non-respect de la quatrième Convention de Genève.
Cette politique de colonisation agricole prend particulièrement corps dans la vallée du Jourdain (voir la photo ci-dessus), une des zones les plus fertiles du Proche-Orient, transformée en véritable « no man’s land » palestinien.


Plusieurs dizaines de colonies agricoles ont été installées dans cette région depuis 2005. Les colons y contrôlent 95% de la terre et 98% de l’eau (l’Autorité palestinienne contrôle 45 des 2 400 kilomètres carrés de territoire). Depuis l’ordre militaire pris en 2005, les Palestiniens de Cisjordanie n’ont plus le droit d’y accéder sans autorisation spéciale. Des barrières électrifiées ont par ailleurs été installées à l’abord des sources d’eau.


Premier point de contestation : Agrexco est l’une des principales entreprises à exploiter les ressources agricoles de ces colonies, qui sont illégales au regard du droit international. Si les Palestiniens veulent vendre leurs propres cultures, ils doivent passer par de nombreux checkpoints, dont celui de Tayasir. Le transport peut ainsi prendre de nombreuses heures, rendant les produits frais pratiquement invendables. Le seul moyen de subsister est soit de vendre la production à des entreprises israéliennes comme Agrexco, soit de travailler directement pour elles. Les produits vendus par Agrexco sont alors présents en quelques heures sur les marchés européens.


La main-d’œuvre palestinienne est payée en moyenne 40 à 50 shekel (soit 7 à 9 euros) par journée de travail, sans contrat, et est logée dans des abris en plastique. Dans cette vidéo britannique, des paysans témoignent : (Voir la vidéo)



Deuxième problème : Agrexco exporte les produits des colonies sous le label « produit d’Israël », seconde entorse au droit international et aux accords UE-Israël. L’entreprise possède notamment des usines d’emballage dans les colonies de Mekhora, Mehola, Argaman, Ro’I, Hamra, Gaddid et Bet Ha Arava, dans la vallée du Jourdain. Des étiquettes israélienne y sont apposées sur les produits palestiniens, afin notamment de bénéficier de termes commerciaux préférentiels.


Les accords d’association de libre échange Union Européenne-Israël (fondé sur « le respect partagé des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme »), prévoient que seuls les produits israéliens élaborés dans les frontières de l’état d’Israël d’avant 1967 puissent bénéficier exemptions de droits de douanes.


Cette politique agricole fait partie intégrante du processus de colonisation.


Mission d’enquête en Palestine


Quatre représentants d’organisations membres de la coalition sont partis en Palestine du 17 au 26 juillet 2009, afin d’observer la situation sur place et de collecter des témoignages dans le cadre de la 153e mission CCIPPP : Jean-Paul Nunez de la Cimade, Vincent Mazurek du NPA, José-Louis Moragues de la CCIPPP, et Ennasri Nabil du Collectif des musulmans de France, qui a été refoulé à l’aéroport de Tel Aviv.
La mission s’est rendue dans des exploitations de la vallée du Jourdain, ainsi que dans des usines d’emballage d’Agrexco, afin de prendre photos et vidéos.
Il s’agissait pour eux de recueillir suffisamment d’éléments, qui pourraient servir lors d’une éventuelle action en justice, comme l’explique Jean-Paul Nunez :


« Nous avons maintenant les preuves de ce que nous affirmons. Nous allons donc nous appuyer sur ce qui a été fait au Royaume-Uni. Nous avons deux possibilités : saisir la Cour de justice des communautés européennes car cela pose un problème juridique que d’accepter des produits qui viennent des territoires occupés. Ou attaquer en droit interne français, en saisissant le tribunal de grande instance de Montpellier. Mais la question se pose alors de savoir qui attaquer : GF Group ? Le Languedoc-Roussillon ? L’Etat ? Car ils sont responsables de laisser faire ce type de commerce. »


Pour la Région, contactée par Rue89, le « Languedoc-Roussillon à toujours agi en respectant le droit international et continuera de le faire. Ce droit international est et sera toujours appliqué à Sète. Les douanes sont chargées de vérifier ce qui descend des navires. »
La mission s’est par ailleurs entretetenue avec le ministre de l’Agriculture de l’Autorité palestinienne, Ismail Daiq. Celui-ci s’est adressé aux pouvoirs publics français :
« Je tiens à dire que toute production en provenance des colonies via des sociétés israéliennes, comme Agrexco ou autres, encourage les colons à poursuivre les violations des droits humains, les agressions, les assassinats et les destructions. Tout soutien à ces gens est un soutien apporté à la violation des droits des palestiniens. »


Le produit des témoignages vidéos recueillis doit être publié à la rentrée, le temps de monter et de traduire les six heures trente d’images. Les membres de la mission espèrent également transformer leur mobilisation en combat européen et inscrivent d’ailleurs cette action dans le cadre de la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Comme

l’explique Vincent Mazureck :


« Ce n’est pas un combat local. Si Agrexco est rejeté de Sète et s’installe à Barcelone, cela sera la même chose. »


Une nouvelle mobilisation est prévue pour le 10 octobre.
Photos : le port de Sète (Région Languedoc-Roussillon). Des serres agricoles dans la vallée du Jourdain (Jean-Paul Nunez/153e mission CCIPPP). Dans une usine d’emballage Agrexco, vallée du Jourdain (Jean-Paul Nunez/153e mission CCIPPP). Une usine d’emballage Agrexco dans la vallée du Jourdain (Jean-Paul Nunez/153e mission CCIPPP).

mercredi 19 août 2009

Le boycott culturel, comment?



Initiative palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI), le 20 juillet 2009



Depuis avril 2004, le PACBI a appelé intellectuels et universitaires du monde entier à « boycotter complètement et systématiquement toutes les institutions universitaires et culturelles israéliennes, en contribution à la lutte pour stopper l’occupation, la colonisation et de système d’Apartheid d’Israël » [1].

En 2006, une majorité décisive des travailleurs culturels Palestiniens, dont la majorité des cinéastes et artistes, soutenue par des centaines d’acteurs culturels internationaux, a appelé tous les artistes et cinéastes de bonne foi à rejoindre le boycott culturel institutionnel contre Israël [2]. En réponse, un artiste et écrivain britannique renommé, John Berger, a publié une déclaration soutenue par des dizaines d’artistes internationaux, d’écrivains et de réalisateurs de premier plan, appelant leurs collègues à donner partout leur aval à l’appel palestinien au boycott culturel [3].

Dans l’esprit et la logique de ce boycott culturel, le 8 mai 2008, dans une demi-page de publicité dans International Herald Tribune sous le titre « Pas de raison de célébrer », des dizaines de personnalités culturelles – dont Mahmoud Darwish, Augusto Boal, Ken Loach, André Brink, Ella Shohat, Judith Butler, Vincenzo Consolo, Ilan Pappe, David Toscana et Aharon Shabtai – ont signé une déclaration en réponse aux célébrations mondiales du « 60eme anniversaire » d’Israël, qui disait [4] :

« Il n’y a pas de raison de célébrer ! Israël, à 60 ans, est un Etat qui nie encore aux réfugiés Palestiniens leurs droits approuvés par l’ONU, seulement parce qu’ils sont ‘non-Juifs’. Il occupe toujours illégalement des terres Palestiniennes et d’autres terres arabes, en violant de nombreuses résolutions de l’ONU. Il viole encore grossièrement chaque jour la loi internationale et enfreint les droits humains fondamentaux avec l’impunité que lui confère le soutien économique, diplomatique et politique des USA et de l’Europe. Il continue de faire subir une discrimination institutionnalisée à ses propres citoyens Palestiniens.

La campagne de boycott culturel contre l’Apartheid d’Afrique du Sud a été une source majeure d’inspiration pour formuler les appels et les critères palestiniens au boycott. Dans ce contexte, l’argument clé avancé par le régime Sud Africain et ses apologues dans le monde contre la campagne culturelle et sportive anti-Apartheid – que le boycott viole la liberté d’expression et l’échange culturel – fut réfuté résolument par le directeur du Centre Contre l’Apartheid de l’ONU, Enuga S. Reddy, qui écrivit en 1984 [5] : « Il est bien bizarre, pour le moins, que le régime sud-africain qui refuse toutes les libertés … à la majorité africaine … devienne le défenseur de la liberté des artistes et des sportifs du monde entier. Nous avons une liste de gens qui ont joué en Afrique du Sud par ignorance de la situation, par attrait financier ou par indifférence sur le racisme. Il faut les persuader de cesser de distraire l’Apartheid, de cesser de profiter de l’argent de l’Apartheid et de cesser de servir aux besoins de propagande du régime d’Apartheid ». Pareillement, le boycott culturel palestinien appelle à cibler les institutions culturelles, les projets et événements qui continuent à servir les objectifs du régime colonial et d’Apartheid israélien.
Pendant 5 ans de travail intense avec des partenaires de plusieurs pays pour promouvoir le boycott culturel contre Israël, PACBI a examiné de très près des dizaines de projets et d’événements culturels, estimé la pertinence des critères du boycott culturel et publié par conséquent des lettres ouvertes, des déclarations et des opinions à leur égard. Les deux conclusions principales sur ce sujet furent : (a) beaucoup de ces événements et projets tombent dans une zone grise, incertaine, qu’il est difficile d’évaluer et (b) le boycott doit cibler non seulement les institutions complices mais aussi leurs liens internes intrinsèques et organiques qui reproduisent la machine de domination coloniale et d’Apartheid. Sur la base de cette expérience et pour répondre à la demande en plein essor à PACBI pour des directives spécifiques dans l’application du boycott culturel de divers projets, festivals cinématographiques, expositions, représentations musicales ou de danse, conférences, la Campagne expose ci-dessous des critères non-ambigus, permanents et cohérents et des lignes directrices qui traitent des nuances et des particularités du domaine culturel.
Ces critères ont surtout pour but d’aider les travailleurs culturels et les organisateurs dans le monde à adhérer à l’appel palestinien au boycott, une contribution vers l’établissement d’une paix juste dans notre région.

Critères du boycott culturel

Dans tout ce qui suit, « produit » indique des produits culturels, tels que des films et d’autres formes d’art ; « événement » se réfère aux festivals de films, conférences, expositions, spectacles de danse et musicaux, tournées d’artistes et d’écrivains, entre autres activités.
Avant de discuter des différentes classes de produits et d’événements culturels et comme règle primordiale pratiquement toutes les institutions culturelles israéliennes, sauf preuve du contraire, sont complices du maintien de l’occupation israélienne et du déni des droits élémentaires palestiniens, par leur silence ou par une implication réelle pour justifier, blanchir ou écarter délibérément l’attention des violations de la loi internationale et des droits humains par Israël. En conséquence, ces institutions, tous leurs produits et tous les événements qu’elles sponsorisent ou soutiennent doivent être boycottés. Les événements et projets impliquant des individus représentant explicitement ces institutions complices devraient être boycottés du même coup.

Les critères qui suivent peuvent ne pas tout couvrir et certainement, n’anticipent, ne remplacent ou n’évacuent pas d’autres arguments sensés pour le boycott, particulièrement quand un projet culturel ou un événement justifie, prêche ou promeut les crimes de guerre, la discrimination raciale, l’Apartheid, la suppression de droits fondamentaux et des violations sérieuses de la loi internationale.

De ce qui précède, le boycott culturel palestinien contre Israël s’applique aux situations suivantes :
(1)Le produit culturel est commissionné par un organisme israélien officiel Tous les produits culturels commissionnés par un organisme israélien officiel (ministère, municipalité, ambassade, consulat, fond du cinéma public ou d’Etat, etc.) méritent d’être boycottés sur une base institutionnelle, car ils sont commissionnés et financés par l’Etat d’Israël – ou une de ses institutions complices – spécialement pour aider la propagande d’Etat ou ses efforts de « reconditionnement » destinés à diluer, justifier, blanchir ou divertir l’attention de l’occupation israélienne et des autres violations des droits palestiniens et de la loi internationale. Mais ce niveau de complicité explicite est souvent difficile à estimer, car l’information sur ce commissionnement direct peut être difficilement disponible voire intentionnellement caché.
(2)Le produit est financé par un organisme israélien officiel, mais pas commissionné (pas de liens politiques)
Le terme « liens politiques » se réfère ici spécifiquement aux conditions qui obligent un fond bénéficiaire à servir directement ou indirectement le gouvernement israélien dans ses efforts de propagande ou de « reconditionnement ». Les produits financés par des organismes israéliens officiels – tels que décrits dans la catégorie (1) ci-dessus – mais non commissionnés, donc sans liens politiques, ne sont pas sujettes au boycott en tant que telles. Les produits culturels individuels recevant des fonds d’Etat dans le cadre des droits du travailleur culturel individuel en tant que citoyen contribuable, sans qu’il/elle soit tenu de servir les intérêts politiques et PR ( ?) de l’Etat, ne sont pas boycottables selon les critères de PACBI. Cependant, accepter de tels liens politiques transformerait clairement le produit culturel ou l’événement en une forme de complicité, et en en faisant une contribution aux efforts d’Israël pour blanchir ou obscurcir sa réalité coloniale et d’Apartheid, le rendrait boycottable.
Tandis qu’une liberté individuelle d’expression, particulièrement d’expression artistique, devrait être complètement et constamment respectée dans ce contexte, un artiste individuel, cinéaste, écrivain, etc., israélien ou non, ne peut être exempté d’être sujet de boycotts que des citoyens conscients autour du monde (au-delà du domaine des critères de boycott de PACBI) peuvent appeler en réponse à ce qui est largement perçu comme un acte ou une déclaration particulièrement offensants du travailleur culturel en question (incitation directe ou non à la violence ; justification – une forme indirecte de publicité – de crimes de guerre ou d’autres violations de la loi internationale ; calomnies racistes ; participation à des violations des droits humains ; etc.). A ce niveau, les travailleurs culturels israéliens ne devraient pas être exemptés automatiquement de critiques justifiées ni de toute forme légale de protestation, y compris le boycott ; ils doivent être traités comme tout autre délinquant du même genre, ni mieux ni pire.
(3) L’événement est sponsorisé partiellement ou complètement par un organisme officiel israélien
Le principe général est qu’un événement ou projet effectué sous le parrainage ou l’égide de, ou en affiliation avec un organisme israélien officiel constitue une complicité et mérite par conséquent le boycott. Il est aussi bien connu que les artistes, écrivains (,etc.) israéliens sollicitant une subvention d’Etat pour couvrir les coûts de participation à des événements internationaux (les leurs ou ceux des produits culturels) doivent accepter de contribuer aux efforts de propagande officiels d’Israël. A cette fin, le travailleur culturel doit signer un contrat avec le MAF israélien l’obligeant à « s’engager à agir fidèlement, incessamment et responsablement pour rendre au Ministère les meilleurs services professionnels. Le fournisseur du service sait que l’objectif de demandes de services de sa part est de promouvoir les intérêts politiques de l’Etat d’Israël par la culture et l’art, ce qui inclut de contribuer à la création d’une image positive pour Israël » [6].
(4) Le produit n’est ni financé ni sponsorisé par un organisme israélien officiel.
Sauf à violer les critères précédents, en l’absence d’un parrainage israélien officiel, le produit individuel d’un travailleur culturel israélien n’est pas boycottable en tant que tel, indépendamment de son contenu ou de ses mérites.
(5) L’événement ou le projet promeut une fausse symétrie ou « équilibre »
Les événements culturels et projets impliquant des Palestiniens et/ou des Arabes et Israéliens pour promouvoir un ‘équilibre’ entre les ‘deux côtés’ dans la présentation de leurs narratifs respectifs, comme des égaux, ou qui sont basés sur les fausses prémisses d’une égale responsabilité dans le « conflit » des colonisateurs et des colonisés, des oppresseurs et des opprimés, sont volontairement trompeurs, intellectuellement malhonnêtes et moralement répréhensibles. De tels événements et projets, qui cherchent souvent à encourager le dialogue ou la « réconciliation entre les deux côtés » sans traiter des exigences de justice, font la promotion de l’oppression et de l’injustice. Tous ces événements et projets qui amènent des Palestiniens et/ou Arabes et des Israéliens ensemble, sauf s’ils sont conçus explicitement en opposition à l’occupation et aux autres formes d’oppression des Palestiniens, sont de forts candidats au boycott. Les autres facteurs que PACBI prend en considération en évaluant de tels événements sont les sources de financements, la structure du programme, les objectifs et le(s) organisation(s) contributrices, les participants et autres facteurs pertinents.


Références :
[1] http://www.pacbi.org/etemplate.php ?id=869
[2] http://www.pacbi.org/etemplate.php ?id=315
[3] http://www.pacbi.org/etemplate.php ?id=415
[4] http://www.pngo.net/data/files/english_statements/08/PNGO-THT-HP5208(2).pdf
[5] http://www.anc.org.za/un/reddy/cultural_boycott.html
[6] http://www.haaretz.com/hasen/spages/1005287.html
Traduction JPB
Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israël (PACBI

vendredi 7 août 2009

L’horrible réalité des produits de beauté fabriqués dans les colonies israéliennes




Par Adri Nieuwhof - The Electronic Intifada via Alterinfo

Israël bénéficie d’un libre-échange avec l’Europe pour ses produits industriels en vertu de l’accord d’association signé avec l’Union Européenne en 2000. Le 5 Novembre 2008, Yakov Ellis, le PDG de la société israélienne de cosmétiques Ahava, avait déclaré dans l’émission Today de la BBC que sa société avait bénéficié du libre échange avec l’UE. Ahava possède des magasins à Londres et à Berlin, et a signé en 2008 un contrat avec la chaîne de parfumerie française, Sephora, qui a des magasins dans toute l’Europe, en Amérique du Nord, en Asie et au Moyen-Orient.

Ahava fabrique ses produits cosmétiques en Cisjordanie occupée, en utilisant les minéraux de la Mer Morte. Les produits de beauté de l’entreprise sont importés dans l’UE et présentés comme provenant de "La mer Morte, en Israël". Les produits israéliens originaires de Cisjordanie ne sont pas censés bénéficier d’un importation détaxée vers l’UE.

Ahava est basée dans les colonies de Mitzpe Shalem et de Kaliya en Cisjordanie occupée. Ahava est propriétaire de 34% du kibbutz de Mitzpe Shalem et de 6% de celui de Kaliya. Les colonies Mitzpe Shalem et Kaliya sont proches des rives de la Mer Morte et elles l’exploitent pour le tourisme.

Même si un tiers de la rive ouest de la Mer Morte se trouve en Cisjordanie Occupée, Israël a interdit l’accès à l’ensemble du littoral de la Mer Morte et à ses ressources aux Palestiniens de Cisjordanie.

Kaliya a été créé en tant qu’avant-poste de l’armée peu après la guerre de 1967 au cours de laquelle les forces israéliennes ont occupé la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï de l’Égypte et le Plateau du Golan de la Syrie.

Selon la Coalition Israélienne des Femmes Pour la Paix, Ahava fabrique ses produits dans l’usine de cosmétiques de la Mer Morte Ahava installée dans la colonie de Mitzpe Shalem. La société gère également un centre pour touristes dans la même colonie.

Dans sa décision qui fait autorité, la Cour internationale de Justice a réaffirmé en 2004 l’illégalité de la construction de colonies de peuplement, ce qui inclut la construction de sites industriels dans les colonies. L’usine Ahava et le centre pour touristes existent donc en violation du droit international.

Le PDG d’Ahava, Ellis, a déclaré à la BBC que son entreprise pouvait contourner la règle selon laquelle les produits en provenance des territoires palestiniens occupés sont exclus de la détaxe à l’importation en Europe, parce qu’Ahava possède ses bureaux près de Tel Aviv, en Israël. Toutefois, les règles européennes sur l’origine du produit font référence à l’endroit où le produit, ou la plupart du produit, a été fabriqué, et non pas à l’endroit où les bureaux de l’entreprise sont installés.

Malgré ce subterfuge, Ahava devrait payer des taxes à l’importation aux pays de l’UE. Les agents des douanes britanniques avaient exprimé à la BBC leurs vives inquiétudes quant au fait que les produits israéliens fabriqués dans les colonies de Cisjordanie occupée puissent éviter les taxes à l’importation avant d’arriver dans les rues de Grande-Bretagne.

On ne sait pas clairement si et comment les Etats membres de l’UE surveillent l’accord de libre échange. S’il se passe la même chose dans les pays de l’UE qu’au Royaume-Uni, la situation est préoccupante.

Un membre du Parlement Britannique appartenant au Parti Travailliste au pouvoir, le Dr Phyllis Starkey, a posé des questions sur le sujet au Ministre du Commerce, Stephen Timms, le 17 Novembre 2008. Timms a répondu qu’entre Février 2005 et Janvier 2008, plus de 75.000 cargaisons étaient entrés chaque année au Royaume-Uni en provenance d’Israël. Au cours de cette période, les exportateurs israéliens avaient été obligés d’indiquer le lieu de production sur la preuve des documents d’origine.

Timms a précisé qu’il n’était pas au courant d’enquêtes menées par la Commission Européenne pour déterminer si les importateurs israéliens appliquaient les règles concernant les marchandises imposables. Timms a expliqué que sur une période de trois ans, HM Revenue and Customs, le Département des douanes et des impôts britannique, a présenté 21 demandes d’informations auprès des autorités douanières israéliennes pour savoir si les produits provenaient de l’intérieur d’Israël ou des colonies israéliennes dans les territoires occupés. Il a reçu une réponse à 13 de ces demandes, et il s’est avéré que six cargaisons provenaient de colonies israéliennes. Bien que les exportateurs israéliens aient violé les règles, aucune amende n’a été imposée.
Ahava fait une vive promotion pour l’exportation de ses produits cosmétiques. Déjà, ses ventes dans 25 pays représentent environ 50% l’activité de l’entreprise. Les clients du monde entier doivent être informés qu’Ahava est fortement liée aux colonies de peuplement illégales en Cisjordanie occupée.
Malgré cela, et malgré le fait que la société utilise les minéraux de la mer Morte alors qu’Israël interdit l’accès des Palestiniens à leurs propres rives de la Mer Morte, des militants en France et aux États-Unis ont récemment lancé des campagnes contre la vente des cosmétiques Ahava.
La semaine dernière, une "brigade bikini" de Code Pink, le mouvement américain anti-guerre, a protesté dans la capitale américaine, près des magasins de cosmétiques, leurs corps enduits de boue et où était inscrit le slogan "Ahava est une entreprise sale."

En France, le 16 Juillet, un groupe de 30 femmes se sont rendues dans le magasin de produits de beauté Sephora sur les Champs Elysées à Paris pour protester contre la vente des produits Ahava, en invitant le public à soutenir leur protestation et à envoyer des messages à Sephora.
Voir la vidéo de l’action organisée dans le cadre de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et intitulée "Ahava, produit des colonies, on n’en veut pas" ici :

http://campagneboycott.blogspot.com/2009/07/action-boycott-sephora-le-160709-paris.html
source :

http://www.alterinfo.net/L-horrible-realite-des-produits-de-beaute-fabriques-dans-les-colonies-israeliennes_a35411.html
http://electronicintifada.net/v2/article10691.shtml

mercredi 5 août 2009

Action "Boycott Ahava" à Washington DC le 29-07-09

Le site de la campagne Codepink contre "AHAVA":



Des dizaines de femmes en bikini, de l’association anti-guerre et anti-occupation Code Pink* ont manifesté, mercredi dernier, devant les magasins de cosmétiques de Washington vendant des produits de la marque AHAVA, étiquetés "Israël" et provenant de la colonie de Mitzpe Shalem en Cisjordanie.




La boue sur leur corps illustre leur slogan "Ahava is a dirty business" (Ahava est un sale commerce)

Code Pink souligne que la firme qui promet de partager "les secrets de beauté de la mer morte", cache surtout la honteuse vérité : ses produits viennent des ressources naturelles volées aux Palestiniens, sur leurs territoires.

Les manifestantes entrent régulièrement dans les magasins américains qui proposent ces produits de l’occupation, pour informer la direction de leur caractère immoral, et de la violation des Conventions de Genève que constitue leur vente. Elles demandent l’arrêt de leur commercialisation.
* L’association, créée en 2002 par des femmes aux Etats-Unis, a choisi de s’appeler ’code rose", par dérision contre les noms d’opérations "anti-terroristes" : code orange, code rouge... donnés par l’administration Bush.





(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)